NOVEMBRE l590.                                107
chemise blanche. Contre ledit prince de Parme fust fait le sonnet suivant, qu'un de mes amis me donna :
Ce preux, ce rodomont, ce grand preneur de Tilles, Qui des siens déserteur se donne aux estrangers, Suivant la foy lorraine et ses faux messagers, Veult rendre les François à sa grandeur serviles. Il prend du premier coup, par ses ruses subtiles, Lagni, bourg habitjé de pitaux et bergers ; Et, par l'ardeur d'un chef s'eslançant aux dangers, Il prend les Corbillas, pour leurs pesches utiles. O glorieux exploits! ô la rare valeur ! Mais à peine il partoit, quand par soudain malheur U voit que ses deux forts sont repris sans deffence. Va tost, duc triumphant, va trouver tes Parmois, Conte-leur ta conqueste, et dis-leur qu'ai trois mois Tu as pris et perdu deux villages en France.
Quand le duc de Maienne vinst prendre congé de Son Excellence, entre autres avis qu'il lui donna il lui conseilla d'entretenir le Roi (qu'il appeloit le prince de Bearn) de paix ou de treufve, et l'amuser tousjours par quelque ouverture de l'un ou de l'autre : « Car lé « temps et la temporisation ruineront plustost ce prince, « dit-il, que la force; pour ce que c'est un Bearnois « qui use plus de bottes, que de souliers. »
En ce mois de novembre 1690, mourust à Paris La Mer, medecin du conseil des Neuf, quihabebat qui-dem zelum iDei, sed non secundum scientiam.
En ce mois de novembre 1590, maistre Hugues Le­masson , qu'on apeloit le pere des Seize, avec son gendre maistre Pierre Senault, ayant fait eri^r une tumbe à Saint-Innocent pour eux et toute leur famille, où se* lon la coustume ordinaire ils avoient fak graver Cy gisent, etc., on y mist avec un charbon : S'ils ne sont pendus. Et autant de fois qu'ils le faisoient effacer, autant de rois on le rescrivoit.
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